Un lycée infesté sème la pagaille avec la région Île-de-France et le rectorat

Après les cinémas, le métro et le TGV, les punaises de lit s’attaquent désormais aux écoles. Le mercredi 27 septembre, des élèves du lycée Flora-Tristan de Noisy-le-Grand (93) ont alerté leur enseignant de la présence d’une punaise de lit dans leur classe. Le nuisible bien identifié est signalé à la direction de l’établissement qui alerte la région Île-de-France et le rectorat de l’académie de Créteil tout en faisant évacuer la salle de classe.

La direction a ensuite fait appel à une société qui a traité le bloc par cryogénisation. Mais uniquement ce bloc et pas les autres, par manque de fonds (l’opération a coûté 10.000 euros). Ce qui a conduit les enseignants à déposer un droit de retrait et les parents d’élèves, inquiets, à être nombreux à ne pas envoyer leur enfant en cours les vendredi et samedi qui ont suivi.

Les risques de réinfestation

« Le lycée compte environ 1.000 élèves et une centaine d’enseignants et personnels, explique Guillaume Hoibian, professeur, responsable syndical SNES et membre du Conseil d’administration de l’établissement, ce sont autant de foyers qui pourraient se retrouver infestés, avec le risque de réinfester l’établissement ensuite. D’autant que nous vivons dans un quartier populaire et que les coûts pour se débarrasser des punaises de lit sont très importants. »

Si, selon le rectorat joint par 20 Minutes, les élèves ont été déplacés dans un autre bloc le temps de l’intervention et que les produits se dissipent, les enseignants refusaient de revenir en classe en l’absence de diagnostic complet de l’ensemble de l’établissement. Diagnostic finalement commandité par la région, sous la pression, et qui établira, selon Guillaume Hoibian la présence de nids de punaises de lit dans le bâtiment infesté.

Qui fait quoi ?

Surtout, cette alerte a mis en lumière les désaccords entre les différentes parties. Selon le responsable syndical, la réponse du rectorat au signalement effectué s’est révélée légère : « Ils n’ont proposé aucun protocole et pire, ont minimisé le cas en disant qu’il n’y avait aucun risque sanitaire, aucun danger, et que les cours devaient se poursuivre. » Le rectorat finira tout de même par envoyer un médecin scolaire à l’école le vendredi pour discuter des punaises de lit.

Mais la région aussi est sous le feu des critiques. Accusée d’être restée muette pendant deux jours avant d’accepter de prendre en charge le diagnostic. Elle a surtout informé l’établissement qu’il se devait de prendre en charge toutes les opérations de désinfestation.  « Une charge énorme pour un établissement comme le nôtre », explique Guillaume Hoibian.

La région se défend

Une donnée contre laquelle se défend la région Île-de-France, contactée par 20 Minutes : « Dès qu’elle a été mise au courant (le jeudi 28/09 par le rectorat), la Région a immédiatement pris contact avec le lycée, qui disposait d’un fonds de roulement suffisant pour prendre en charge la dépense. Il s’agit d’un sujet hygiène et salubrité de la responsabilité du chef d’établissement, qui doit faire procéder à la levée de doute et/ou à la désinsectisation. Comme pour Noisy, tous les lycées franciliens ont des dotations pour ce type de situation. Si elles n’étaient pas suffisantes, la Région prendrait bien sûr en charge le complément. »

Surtout, les professeurs et l’établissement regrettent le manque de protocole clair. Ce à quoi la Région rétorque qu’elle a « diffusé une information dédiée aux chefs d’établissement, qui explique la méthode à suivre en cas de suspicion ou de présence de punaises de lit. Ce guide reprend les consignes du ministère de la transition écologique (levée de doute, recours à des organismes agréés…) ».

Une réponse qui ne convainc pas le député insoumis de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes qui s’est fendu d’un communiqué pour demander au rectorat de l’académie de Créteil ainsi que la région Ile-de-France à « s’assurer que toutes les précautions soient prises pour traiter de ce problème dans les établissements scolaires » avant de demander « un véritable plan d’action national […] pour lutter contre ce phénomène qui touche tous les secteurs de la société ».

 

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