La ville organise un exercice de simulation grandeur nature

Paris, 25 juin 2032. Sur le JT de la plus importante chaîne de télévision publique française, une présentatrice annonce la mauvaise nouvelle : alors que le thermomètre a déjà franchi 46 degrés cette semaine, une alerte prédit un pic à 50 degrés dans la capitale française. Soit une température mortelle pour bon nombre d’habitants et habitantes.

Ce scénario fictif dévoilé par la Mairie de Paris ce 10 octobre est le cadre d’un exercice bien réel qui va se dérouler vendredi, dans les rues des 13e et 19e arrondissements. Entre 50 et 60 Parisiens et Parisiennes ont été conviés à simuler un Paris à 50 degrés, avec son lot de difficultés, comme une rupture possible du courant du fait de l’utilisation massive de climatiseurs, l’impossibilité d’acheminer des médicaments ou de procéder à des réparations in situ pour protéger la santé du personnel, et l’urgence de mettre à l’abri tout un tas de personnes fragiles dans des endroits frais, qui n’auront pas besoin de courant.

Retard par rapport à d’autres pays

Un jeu de rôles quasi réel qui implique élèves, habitants, police, sapeurs pompiers, fournisseurs d’énergie, bailleurs sociaux, pompiers… « Nous allons faire « jouer » des habitants des immeubles sociaux, des incidents divers et variés seront simulés pendant cette mise à l’abri, », explique Pénélope Komites, adjointe à la Maire de Paris en charge de la Résilience et de la Prospective, lors d’une conférence de presse ce mardi.

Ce scénario est loin d’être une réalité lointaine, prévient Serge Boulanger, secrétaire général de la Zone de défense et de sécurité de Paris : « 2032, c’est demain. Chaque semaine, on commente dans les médias des records de températures. Nous avons un immense retard par rapport aux pays nordiques où presque tous les citoyens sont formés aux gestes de premier secours. » Ce 10 octobre 2023 où le mercure atteint 28 degrés, pas besoin de pousser trop loin le bouchon pour convaincre. Les effets du réchauffement sont déjà là, comme l’explique Joseph Dupré la Tour, général commandant la brigade de sapeurs-pompiers de Paris : « Dans certains quartiers avec une grande précarité, nous avons observé une augmentation ces dernières années des interventions dans les étages les plus élevés. Alors vous imaginez les impacts avec 50 degrés ? »

« Il y aura des imprévus ce jour-là »

Pas la peine non plus de se transporter trop loin dans le temps. En 2021, un village du Canada, situé à la même latitude que Paris, a connu une température de 49,5 degrés. Vingt-quatre heures plus tard, le village était détruit par les incendies provoqués par cette canicule hors norme. « 50 degrés ça ne sera pas la normalité mais ça pourra arriver. Et si la trajectoire climatique n’est pas conforme [à la trajectoire préconisée par la communauté internationale], les pics de 50 degrés surviendront au cours de la deuxième moitié du siècle », rappelle Pénélope Komites. « Tous les efforts que nous pourrons faire ne permettront pas d’inverser la trajectoire, nous devons nous y préparer », a précisé en préambule Emmanuel Grégoire, le Premier adjoint, qui a détaillé les efforts de la mairie pour diminuer au maximum l’impact du changement climatique.

Cet exercice permettra à la ville de définir une nouvelle stratégie de résilience, qui pourra être présentée au Conseil de Paris en 2024. En attendant, la mairie se prépare avec une certaine curiosité, voire fébrilité, à cet exercice peu commun. Mais Pénélope Komitès l’assume, et se veut optimiste : « Il y aura des imprévus ce jour-là, on devra composer avec cela. Il s’agit d’une prise de risque importante de la ville, on espère que cela va bien se passer. Mais cela va donner un coup d’accélérateur en matière de gestion de risques. »

 

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